La ville rose, encore et toujours haut lieu de brassage artistique français et international, fut le terrain de rencontre de Clément, Camille, Valentin et Vincent, quatre musiciens professionnels issus d’horizons différents, mais tous friands de jazz manouche. Ils s’invitent , se découvrent les uns les autres, et rapidement décident de monter le projet « Sheik of Swing ».

Quelques répétitions pour poser des arrangements personnels sur les standards du Hot Club de France, et les premiers concerts se déroulent devant les publics avertis des scènes jazz de Toulouse. C’est un réel défi pour un nouveau groupe, qui en général préfère des scènes plus anodines pour développer d’abord la communication musicale entre ses protagonistes. Mais le défi est relevé, la musique est là, celle de Django, pétrie de virtuosité, d’interactions et d’émotions.

La musique des années 30, aussi riche soit-elle, n’est pas faite pour rester figée. Django l’avait compris, et au sein de Sheik of Swing, de nouvelles directions se prennent. Il faut concilier le swing et le jazz, avec du tzigane vibrant et lancinant, rajouter des pièces complexes, expressives et originales, alterner un groove planté et dynamique avec une ballade langoureuse. Le répertoire s’ouvre aux influences, la musicalité se veut créatrice mais à l’écoute des trésors du passé. Chaque fois, la musique s’adapte et s’exprime, et les différents publics réagissent : les restaurants chics sont chouchoutés de bon goût, les mariages se ravissent du caractère unique de la représentation, les salles de concerts se chargent de sourires béats, les salles de danses swing chauffent à l’étouffement, et les cafés-concerts et festivals ne tiennent plus en place, enivrés d’une musique puissante et aventureuse… Nos musiciens sont comblés. La polyvalence qu’ils recherchaient leur permet de faire passer, selon des modes d’expression différents, le même message musical personnel, et ainsi toucher leur public. C’est probablement la plus belle récompense que peut apporter ce métier d’art.

Les concerts s’enchaînent, l’ expérience de groupe devient intense et la communication de plus en plus fluide, implicite, ainsi Sheik of Swing connaît régulièrement des instants de grâce où la musique fait frissonner quand elle atteint le public et les musiciens au cœur d’un concert ; des moments inexplicables où chacun se met à créer une ambiance magique, où tout peut se produire sans concertation. Tout comme un soliste n’est rien sans accompagnateur, le public joue un rôle prépondérant dans l’énergie d’un concert, il convient de trouver le bon mode de communication. Sheik of Swing l’a bien compris et offre un voyage à travers sa vision du jazz manouche.